Océan mer, sublime roman d’Alessandro Baricco.
Si l’on cherche une oeuvre poétique capable de suggérer le cœur humain et la puissance originelle de l’océan mer, ce roman est très conseillé.
Baricco emporte nos pensées près d’une plage, aux bords de la mer, quelques fois nous met sur un radeau de naufragés rendus fous par l’impitoyable mer qui les dévorent et les fait disparaitre dans son ventre ; l’auteur nous donne une perspective des intimités qui se dévoilent et se rencontrent : tous les personnages se croisent, certaines destinées liées indéfectiblement … et la mer, spectatrice ou entité supérieure devant laquelle tous se plient.
Le roman nous raconte des existences, des bribes de vie remuées par le destin, prises souvent par les vagues, mais Baricco nous les relate sans linéarité habituelle, il construit le texte par des techniques narratives très variées, proches parfois de certains romans de Marguerite Duras. Le romancier offre une justesse poétique et narrative très sensible, talentueuse, capable de dire la mer et son infini, capable de dire l’horreur, capable aussi de rendre l’instant comique. La narration est dans son ensemble une prose poétique, un roman poétique à la frontière des genres, mais jamais pour la gloire de l'audace littéraire... écrit seulement pour nous et nourri par son ispiratrice originelle.
C’est alors sans nul doute un livre destiné aux amoureux du Monde, comme un tableau mouvant d’une écriture qui veut s’emparer de l’insaisissable .... de l’océan.
(1993)Je mettrai l’œuvre de Baricco aux cotés de Pêcheur d’Islande de Pierre Loti, tous deux grands écrivains de la mer, de l'amour et de la mort.