Le lièvre de Vatanen, d’Arto Paasilinna, un bon moment de lecture en compagnie d’un levraut !
J’ai découvert l’auteur il y a peu, au détour des rayons. J’ai vite compris qu’il s’agissait d’un ponte de la littérature nordique contemporaine s’associant volontiers, d’après mes informations et à la lecture de ce roman, au registre comique. La couverture folio annonçait clairement la couleur : le roman serait plutôt léger. Ce fut le cas !
Le récit est agréable et conte l’heureuse déroute d’un journaliste, Vatanen, qui, sauvant un lièvre accidenté, décide, par un concours de circonstances, de laisser sa vie d’avant à vau l’eau ! Ainsi, en compagnie du lièvre qui prend une importance nouvelle dans sa vie, Vatanen parcourt la Laponie à la recherche d’un abri et d’un travail temporaire afin de satisfaire son désir nouveau et profond de liberté. Vatanen, s’il reste lié à la société, devient progressivement un homme accompli et insoumis : il chasse, affronte la nature, travaille à la sueur de son front, découvre un mode de vie plus authentique et plus heureux. Vatanen, par le hasard de son errance, subit les événements et cherche à les dépasser. Tout gagner à la force de ses bras, ne pas vivre aux dépens des autres, se dépasser et ôter les entraves de la société moderne, voilà bien ce que Vatanen est résolu à atteindre !
J’ai apprécié le roman : simple, amusant, prenant. Il doit beaucoup au personnage du lièvre, figure centrale du récit, déclenchant l’action, accompagnant l’intrigue jusqu’au bout. Le lièvre apprivoisé symbolise cette vie nouvelle choisie par Vatanen, l’animal entraine son maitre vers sa destinée, il en est en quelque sorte le fil conducteur. Vatanen fait de ce lièvre son plus grand trésor, qu’il ne cèderait sous aucun prétexte ; il lutte pour la survie de son animal comme pour le droit de le garder. Vatanen renonce à un métier initial vain, futile, il se détourne du profit, mais aussi d’une vie conjugale malheureuse et artificielle. La seule vérité dans sa vie, c’est le lien véritable qui l’unit au lièvre ; au fond, il se détourne vite de la vacuité de la vie occidentale profondément matérialiste, basée sur la possession et le confort outrancier.
On pourrait sans doute rapprocher l’œuvre du roman picaresque en découvrant le nombre de péripéties qui portent le personnage en des lieux et des situations tout aussi nouveaux et riches en événements cocasses. Il faut évoquer également la variété des personnages, et, à travers eux, le visage de la société lapone parfois moquée. Les divers profils, culturels ou sociaux, apparaissent dans le roman, au fil des aventures de Vatanen. Cependant, il serait peut-être excessif d’affirmer qu’Arto Paasilinna aurait fait ici la satire de la société finlandaise! Le roman rappelle le genre picaresque mais n’y est pas affilié.
Le roman vaut donc le coup d'oeil, la lecture en est fluide, comme une escapade en ski de fond: ça va vite et c'est cool!
J’aime bien.