Petit éloge de la jouissance féminine, d’Adeline Fleury.
Ce petit livre aborde un grand sujet, un grand mystère, une puissance énigmatique et pleine de vie, source d’une énergie fabuleuse et fulgurante : la jouissance féminine !
Convenons, nous, d’abord les femmes, que cet aspect de la nature humaine, et plus spécifiquement féminine reste une question finalement peu abordée au regard de l’Histoire. Nous entrons dans un siècle dans lequel désir et plaisir de la femme restent encore des sujets très rares, et pourtant simulés dans la pornographie, imités au cinéma, romancés mais peu évoqués en tant que tels, ou peu exposés. La connaissance de soi par le désir, et surtout par l’émotion absolue qu’est la jouissance, autrement dit l’orgasme, reste un cheminement très escarpé, parfois, et pour de nombreuses femmes sans doute une quête difficile, frustrante ou incontrôlable.
Bref, Adeline Fleury relate dans son livre sa découverte, à trente cinq ans, de cette sensation vive, éminemment puissante et très inattendue, de l’orgasme. A. Fleury tient à décrire sa renaissance soudaine et tardive, et rend ainsi hommage au désir, sans lequel l’existence n’est pas vie, mais simplement existence ! C’est un éloge de la femme et de la force intérieure latente qui peut se révéler par l’orgasme à cette même femme et à tous par là-même.
Adeline Fleury raconte comment « l’homme électrochoc » entre dans sa vie et fait basculer sa chair et son âme dans une passion et une recherche frénétique de la jouissance dont elle ne pourra pas se détourner tant cette expérience est intense, proche de l’extase.
C’est un livre que les femmes, et les hommes, devraient lire afin d’y trouver un regard juste et sensible d’une femme sur l’abandon érotique. Comme l’indique le titre, son récit montre la libération du corps et l’approche de la femme, nommée Adèle comme le double fictif de l’auteure, vers un renouveau existentiel par le sexe et l’amour.
Bien sûr, c’est un regard subjectif porté sur le plaisir féminin, et fortement lié à l’expérience de soi, de son intimité, qui ne se lit pas comme un manuel didactique sur comment trouver la jouissance. C’est un éloge qui incite à vivre ce qu’on ne connait pas, ou à s’abandonner à soi et à l’autre, lectrice ou lecteur.
J’ai passé un très bon moment, merci Adeline Fleury, vous avez écrit un beau livre à mettre entre toutes les mains averties !
Poème de Louise Labé (sonnet XVIII, oeuvre parue en 1555), Adeline Fleury la cite également, très beau!
Baise m’encor, rebaise-moi et baise ;
Donne m’en un de tes plus savoureux,
Donne m’en un de tes plus amoureux :
Je t’en rendrai quatre plus chauds que braise.
Las ! te plains-tu ? Çà, que ce mal j’apaise,
En t’en donnant dix autres doucereux.
Ainsi, mêlant nos baisers tant heureux,
Jouissons-nous l’un de l’autre à notre aise.
Lors double vie à chacun en suivra.
Chacun en soi et son ami vivra.
Permets m’Amour penser quelque folie :
Toujours suis mal, vivant discrètement,
Et ne me puis donner contentement
Si hors de moi ne fais quelque saillie.