Irène Némirovsky, Le malentendu, ou l'histoire de deux amants incompris!
Prenez un homme, Yves, obligé de mener un vie de bureaucrate qu'il juge médiocre , et une femme, Denise, riche bourgeoise, mariée et mère d'une petite fille, folle amoureuse d'Yves. Ajoutez-y l'époque des années folles, entre fêtes et illusion du bonheur, après l'horreur de la Première guerre mondiale, et vous obtiendrez ce court roman.
Irène Némirovsky aborde ici le décalage des sentiments et la différence d'attente entre un homme déçu, fatigué de la grisaille de son quotidien et une femme éperdument amoureuse de lui, sans difficulté d'argent, oisive,et vivant dans les beaux quartiers.
Un malentendu, placé en titre , se noue entre les deux personnages, il parcourt l'ensemble du récit. Nous sommes les témoins d'une relation amoureuse lentement mise à mal. Yves et Denise se rencontrent mais ne se comprennent pas!
Denise, image traditionnelle du féminin, entre passion, exigence et désir de combler l'homme, se heurte à un masculin, Yves, en proie aux désillusions de l'après-guerre et à la vie monotone d'un travailleur peu enclin à l'amour, qui espère seulement le repos et la tranquillité auprès d'une femme.
Ce bien-être, Denise ne peut pourtant pas le lui donner tant elle craint de le lasser, tant elle espère, par tous les moyens, préserver l'intensité des premiers instants de leur idylle. Elle ne saisit pas ce que cet homme ressent et entraîne, par ses demandes larmoyantes, l'affaiblissement de leur couple.
- J'ai trouvé la lecture assez agréable, et ce qui m'a paru riche, c'est le portrait de deux personnages qui voudraient être heureux mais s'enferment dans leur propre souffrance.
- J'ai été sensible à la douleur de Denise, submergée d'amour pour Yves. J'ai aussi apprécié la subtilité de l'auteure: elle dépeint de manière habile les effets de l'argent et de l'écart de statut social au sein du couple. Pour cette raison, principalement, les deux personnages ne parviendront pas à s'aimer vraiment et à accueillir l'autre dans sa différence et sa difficulté propre.
- Le personnage d'Yves, malgré son état d' usure bien compréhensible, m'a un peu agacée, j'en ai gardé l'image d'un homme terne, amer, peu aimable, bien que Denise, il est vrai, puisse paraître étouffante et excessive. Je mets mon agacement sur le compte de ma perception de lectrice, sans doute différente d'un lecteur masculin.
Bilan des courses: roman agréable proposant un regard assez juste, pourtant d'aspect caricatural, sur la relation amoureuse.