La dame de pique (1833) et Récits de feu Ivan Pétrovitch (1830), un recueil agréable du célèbre Pouchkine.
Alexandre Pouchkine, un des célèbres auteurs russes du XIXème siècle s’installe pour la troisième fois à mon chevet et me propose des récits réalistes emprunts de fantastique et d’une pointe de Romantisme propre au mouvement français de ce début du siècle (j’avais lu d'autre part Le convive de pierre, réécriture de Don Juan, puis récemment La fille du capitaine : pas mal) . Le recueil ne comporte pas beaucoup de nouvelles et chacune est relatée, hormis « La dame de pique », par la voix d’un narrateur-personnage, Ivan Pétrovitch, racontant lui-même des anecdotes dont on lui a fait part.
L’œuvre, dans une atmosphère hivernale, parcourt quelques grandes villes ou campagnes de la Russie et entraîne ses personnages dans des intrigues amoureuses, des duels, des vies de militaire et des parties de cartes.
Si je n’ai pas été captivée par l’ensemble du recueil, j’avoue avoir été séduite par « La dame de pique » qui inaugure l’édition avec panache. Un jeune hussard, participant régulièrement aux soirées mondaines consacrées aux paris, entend dire qu’une dame octogénaire détiendrait le secret de la combinaison gagnante au jeu de chance appelé le jeu du pharaon, en vogue dans le France du XVIIIème siècle ( Il s’agit de miser sur une carte et de voir si celle-ci est tirée par le banquier pour remportée la mise. Je fais court, mais on peut trouver les explications assez facilement, y compris dans les éditions qui publient le recueil) . Ainsi donc, le jeune homme, appâté par cette confidence, désire plus que tout trouver cette vieille dame et lui soutirer son secret, lui-même révélé de façon obscure, laissant penser à un pacte diabolique, mais ce lien avec le Démon n’est qu’à peine suggéré !
Cette nouvelle oscille alors entre une peinture des oisivetés de la noblesse et la construction d’un récit fantastique plutôt amusant, comportant une chute quelque peu ironique et peut-être un brin pathétique.
Les autres nouvelles restent assez plaisantes et montrent, sans trop de précisions forcées, les us et coutumes des diverses catégories sociales. Mais, sous l’angle de la nouvelle, les détails réalistes restent très succincts. Il s’agit plus, dans l’œuvre de Pouchkine, d’aborder les occupations de la noblesse, les affaires de coeur et de mariage, mais aussi la propension des russes à s’affronter en duel. Pour l’anecdote, Pouchkine trouvera la mort lors d’un duel avec un officier l’accusant d’être un mari trompé. « Le coup de pistolet », l’un des récits qui composent cet ensemble, pourrait ainsi être un mauvais présage pour son propre auteur, mort d’une balle dans le ventre en 1837.
J’accorde également ma faveur au texte « La marchand de cercueils », écrit dans une tonalité comique. Le fantastique y préside tout comme dans « La dame de pique » et plonge un pauvre marchand de cercueil dans l’univers du cauchemar. La nouvelle est plaisante et serait idéale dans une perspective pédagogique !
Enfin, on pourra apprécier la qualité de l’écriture qui donne beaucoup de fluidité au déroulement des actions et confère aux descriptions et aux scènes une clarté presque cinématographique (j’amplifie un peu, sans doute, mais c’est l’impression que le recueil m’a donnée).
Bonne lecture.