Soudain l’été dernier, de Tennessee Williams : courte pièce choc. (1958)
Un texte à lire sans hésiter!
Il s’agit d’une pièce dans laquelle se condense un conflit familial, fondé sur le non-dit et la révélation. De ce fait, cette œuvre nous tient jusqu’au bout, sans perdre haleine, et nous égare dans les méandres de la folie, de la rancœur et du déni. Car là est bien le thème central, l’enjeu premier : où est la vérité et à quel prix faut-il l’entendre ? Un seul personnage, Catherine, endosse la vérité, comme une Antigone moderne.
Madame Venable, femme vieillissante, affaiblie, mais dure et implacable, va se confronter à Catherine, enfermée, à la demande de la première dans un hôpital de bonnes sœurs. Une histoire tragique les a définitivement séparées suite à la mort du fils de Mme Venable, Sebastien. Il a trouvé, ce fameux été, la mort dans des circonstances étranges et qui semblent être tout le nœud de l’intrigue : pourquoi cet homme est-il décédé ? Pourquoi Catherine est-elle sommée de s'expliquer à ce sujet ? Pourquoi tant de haine à son encontre ? Mme Venable a-t-elle raison de la détester ?
Nous ne pouvons comprendre toute l’affaire qu’au dernier échange entre les personnages.
Les indications scéniques élaborées semblent conduire à intensifier ce huis-clos familial et la pièce, dans son ensemble, met en scène les secrets malsains de la famille, avec un jeu de sons et d'éclairages pensés pour évoquer l'étouffement, le danger et la souffrance.
Tennessee Williams conçoit un texte tout en suspense, propose des personnages un peu caricaturaux mais efficaces et saisissants. Les dialogues sont cadencés, et mettent en lumière l’oppression, l’enfermement moral et physique. La pièce aborde la sexualité de façon cruelle, pourtant voilée dans chaque réplique de Catherine.
La vérité, propos central de la pièce, repose bel et bien sur la violence et le sexe. Mais personne, sauf Catherine, n’est décidé à lui faire face.