La guerre des mondes de H.G. Wells, ou l’apparition d’un nouveau mythe sur la violence et la cupidité occidentale.
Wells, pionnier de la science-fiction avec Jules Verne, pose les premiers jalons du mythe de l’invasion extraterrestre.
L’auteur nous raconte, à travers les yeux et les émotions du narrateur témoin des événements, l’arrivée spectaculaire des martiens, qui, par un effet de surprise et par les machines qu’ils utilisent, mettent rapidement la population en déroute. Entre massacres et panique générale, l’humain perd vite son monopole terrestre !
Ce roman d’anticipation, paru en 1898, reste éminemment actuel car à travers l’arrivée conquérante et implacable des martiens, l’auteur interroge la propension d'une civilisation à établir violemment sa supériorité, sa domination, sur toute autre population technologiquement moins avancée. Les martiens, finalement, sont le reflet de l’Occident de la fin du XIXème qui règne sur ses colonies africaines et orientales. L’Occident exploite ainsi, tout comme les martiens, les ressources du pays conquis au détriment des peuples qui y vivent depuis des siècles. L’Occident se considère pourtant moralement supérieur, se croit digne d’être défini comme une civilisation éclairée, héritée des Lumières du siècle précédent. C’est par le renversement du pouvoir, par l’inversion de la situation que Wells questionne activement le bien-fondé du colonialisme et des méthodes de conquête telles qu’elles sont employées de son temps et, malheureusement, du nôtre.
Si Herbert George Wells fait référence à la domination de l’Angleterre, sa patrie, il faut, pour le lecteur actuel, y lire un apologue visant, au-delà, la violence de la société et sa soif de ressources et donc de richesses.
Les martiens, nous l’apprenons dès l’incipit, se tourne vers la Terre car Mars n’est plus un lieu habitable et ne regorge plus des éléments vitaux pour ces créatures. Ainsi, elles se mettent en quête d’un nouveau territoire : la Terre. Les hommes, dans leur quotidien banal et réglé, assistent à cette intrusion d’un nouveau genre et se voient totalement impuissants face à l’événement. Pourquoi ? Parce que les martiens ont entre leurs « mains » (ou tentacules) une technologie avancée, construisent et dirigent des armes de guerre contre lesquelles l’humanité ne peut rien ! Celle-ci se retrouve brusquement à la place d’un animal inférieur, traqué, ou considéré au mieux comme un obstacle, au pire comme un insecte !
Wells apporte à la science-fiction et au genre de la dystopie (ou contre-utopie) une portée universelle nouvelle dans la mesure où, par le biais d’une invasion martienne terrifiante, il place devant l’homme un miroir effroyable et lui montre combien est douloureux d’être renversé et chassé par plus fort que soi ! Micromégas de Voltaire, par exemple, questionnait déjà, mais de manière plus légère, le relativisme de l’homme dans l’univers.
La guerre des mondes devrait donc se retrouver sur vos étagères pour trois raisons :
- C’est très agréable à lire, pas long !
- C’est une fable terrifiante sur le comportement de l’homme envers son prochain (L’homme est un loup pour l’Homme)
- C’est culte, tout simplement !