Nue, de Jean-Philippe Toussaint, succès littéraire à discuter?
Voilà un roman plus inhabituel dans le blog : j'ai envie d'en parler mais mon impression d'ensemble reste incertaine, allez savoir...(Le billet sera donc assez court, pour une fois)
Le livre est en réalité inclu dans un cycle qui évolue selon les saisons. Celui-ci appartient à "Automne-hiver", il poursuit ainsi l'histoire du narrateur et de la femme qu'il aime, Marie; cette relation a débuté, j'imagine, à la saison précédente (ben non, je n'ai pas lu les autres romans! hoooouuuuu! c'est mal!)
Le roman est effectivement bien écrit, sans raffinement ostentatoire et vaniteux, sans pour autant être minimaliste. Mais il possède tout de même une certaine élégance, sans nul doute!
Marie est le personnage central que l'on suit à travers le regard et les sentiments du narrateur, fasciné et amoureux d'elle, à tel point qu'il va grimper sur le toit d'un bâtiment pour apercevoir, par une vitre, sa bien-aimée en pleine soirée mondaine.
Il m'est difficile de raconter réellement l'action, il y en a, certes, mais Jean-Philippe Toussaint ne paraît pas s'en soucier fortement. C'est cela qui pour moi est un peu intrigant et me laisse perplexe sans en avoir une opinion défavorable cependant. Après tout, l'art du romancier n'est-il pas d'être capable d'écrire sur rien ou presque (Flaubert avait ce désir-là...)?
J'ai étrangement beaucoup apprécié un passage dans lequel une usine de chocolat a été incendiée par malveillance et répand alors sur des kilomètres à la ronde une odeur de chocolat brûlé, étouffante et délicieuse en même temps. Ce moment narratif me reste en mémoire et j'ajoute qu'il est pour moi à l'image du récit en entier dans la mesure où il laisse des sensations, des impressions intimes et agréables sans imprégner l'esprit d'une action particulière.
Les scènes sont ménagées avec une certaine habileté, nous sommes en même temps bercés et perdus dans ce brouillard narratif qui conjugue la beauté de l'écriture, une histoire plutôt intéressante (mais bon...) et une tendance à ne pas construire un récit percutant.
Finalement, Nue est pour moi quelque part entre la grâce et le rien... Cependant, je dois bien l'avouer, je serais sûrement incapable d'écrire à la hauteur de ce romancier, donc je rends à César ce qui est à César (je ne suis pas Bernard Pivot non plus!)
Succès littéraire à discuter? Je dirais que oui, audacieusement peut-être, mais n'ayant pas lu l'ensemble des romans du cycle, je perds certainement la finesse et le travail d'ensemble de Toussaint, sans dénigrer pour autant le style qui mérite effectivement d'être connu!
P.S : c'est un bon livre à lire dans le bain! Il se marie bien curieusement avec l'eau chaude (et moi, je correspond ainsi au titre du roman!)