Le court et captivant roman d'Henry James, Le tour d'écrou, 1898
Difficile de classer cette oeuvre; entre roman et nouvelle, mon coeur balance (très court, mais pourvu de chapitres... avis aux spécialistes de ma connaissance).
Le Tour d'écrou est une oeuvre originale et prenante. Très vite, elle nous emporte dans l'atmosphère grisâtre et morne d'un manoir de campagne, dans lequel vivent deux enfants modèles (Miles, dix ans, et sa petite soeur Flora, 6 ou 8 ans, je ne sais plus...), dont la garde et l'éducation sont confiées à une nouvelle jeune femme (son nom n'est pas dit), engagée par un père indifférent, semble-t-il à ses progénitures et vivant loin d'eux.
Ainsi, cette nouvelle gouvernante débarque et pense que les deux enfants sont véritablement des anges (nous en doutons en tournant les pages...), mais ce qui va résolument marquer l'action, c'est la présence d'un spectre, celui d'un homme, Peter Quint, qui aurait travaillé quelques temps avant de mourir dans cette maison, au service de la petite famille. Notre gouvernante, à travers laquelle est racontée l'histoire, aperçoit cet homme hanter les lieux et, bien sûr, s'en effraie!
Elle découvre alors que le défunt a entretenu une relation très... étrange avec le petit garçon Miles, et que ses apparitions, bien que Miles ne semble pas en être le témoin, vont bouleverser toute la maison. Mais cet homme au visage si particulier (et pas seulement parce que c'est un fantôme) n'est pas tout--à- fait le seul qui rôde autour des enfants...
C'est donc un récit fantastique (au sens du genre fantastique), qui mêle habilement les angoisses croissantes de la nounou au sujet des apparitions d'outre-tombe (et on la comprend, je me serais tirée vite fait! ) mais aussi au sujet des enfants, pourtant modèles de vertu et de gentillesse. Leur attitude laisse d'ailleurs penser qu'elle n'est pas si naturelle que la gouvernante pourrait le croire.
Tout le roman (ou nouvelle) est bâti sur le personnage de la gouvernante car tout ce qu'elle ne sait pas, elle va le découvrir, et nous avec. Le point de vue narratif, ici interne, permet d'embarquer le lecteur dans le suspens et les interrogations identiques, finalement, à celles de la gouvernante, et leurs réponses nous laissent, vers la fin, des surprises, ainsi qu' un sentiment de malaise (léger, rassurez-vous) assez sympathique (oui c'est paradoxal, je sais).
Pour terminer, le lien qui unit les enfants au(x) fantôme(s) pourrait bel et bien intéresser la psychanalyse... je ne vous en dis pas plus!
P.S: c'est un texte très court! Vous ne ferez pas un marathon littéraire!
(Edition lue: Le Livre de poche, Biblio, 5.10 euros)