La chute de cheval de Jérôme Garcin , ou l’art d’écrire sur l’équitation.
Au début, lorsque l’on saisit le livre, qu’on le tourne et que l’on aperçoit la quatrième de couverture, on peut lire un extrait qui en éclaire le titre : la chute de cheval c’est celle du père de l’auteur, mort sur le coup de l’éjection brutale de selle. Est-ce alors un récit autobiographique ou partiellement intimiste …. non, très peu. Garcin, chroniqueur dans Le masque et la plume sur France inter nous révèle, à nous lecteurs cavaliers, amateurs ou néophytes les secrets d’un art équestre qui fait figure de miracle esthétique et millénaire, mais toujours inconnu du nombre, dans sa plus grande profondeur, dans sa magie physique.
L’art pictural, le cinéma, l’architecture, la littérature sont des expressions durables de l’artiste, elles restent matérialisées, pérennes par le support fixe, inscrites dans le temps, sur papier ou pellicule. L’équitation tient à une étincelle, à l’équilibre, au mouvement tant recherché que lorsque le cavalier atteint avec son cheval une perfection de maitrise et de fluidité, ce moment reste intime ou éphémère. Il n’est pas fixe, il se vit dans les nerfs, les muscles et confond homme et cheval à la manière d’un centaure, figure mythologique que l’écrivain emploie avec l’ardeur et les mots justes, dans un amour inconditionnel pour le cheval et dans l’admiration sans bornes pour les hommes qui l’ont aimé et compris, comme lui. De Géricault, Bartabas, en passant par le scandale d’Hernani et l’affrontement savoureux entre deux écoles d’équitation se disputant les méthodes de dressage, … Jérôme Garcin nous fait voir ce qu’il y a de plus merveilleux, de savant et de transcendant dans ce travail à cheval et dans cette communion entre l’homme et sa monture depuis le XIXème siècle. Il nous fait voir tous les chevaux, du percheron de labeur au pur-sang échevelé et tempétueux. C’est un tableau d’amitiés et de portraits, un tableau écrit avec beaucoup de maîtrise et de passion.
Rien de pompeusement historique, rien de trop personnel, rien de superflu. L’œuvre, exigeante et stylisée, donne un bon plaisir même au lecteur peu porté, comme moi, sur le sujet équestre.