Théorie de la vilaine petite fille, d’Hubert Haddad.
Le romancier tenait là une belle idée : celle de relater l’avènement du spiritisme en Amérique au milieu du XIXème siècle, qui s’étendra en Europe, provoquant l’engouement de nombreux endeuillés, dont le célèbre Victor Hugo qui retranscrira par ailleurs ses échanges avec l’au-delà (Le Livre des tables) .
Haddad ne présente pas l'histoire du spritisme mais imagine et tricotte ainsi la vie des historiques sœurs Fox, épicentres de ce phénomène médiumnique : les démonstrations de spiritisme feront leur fortune puis leur malheur, détrônées par de soudaines vocations qui éclosent un peu partout dans le pays.
Les chapitres se succèdent rapidement (trop vite sans doute) pour ébaucher la biographie des sœurs Fox, leur rencontre avec la mort et les voix qui susurrent ou frappent d’outre-tombe leurs messages lointains.
Ce qui me chagrine dans l’affaire, c’est la fadeur du roman qui s’installe dangereusement après les trois ou quatre premiers chapitres : les portraits sont creux et délaissent le potentiel des personnages, notamment celui de Kate, la plus jeune sœur et la plus hantée. L’auteur implante le récit dans la guerre de Sécession et fait la part belle à l’évocation des multiples branches puritaines et religieuses de ce temps. Mais les chapitres sont courts et malgré un langage maîtrisé, le récit m’a ennuyée : personnages presqu’aussi fantomatiques que les apparitions (le spectre nommé « Mister Splitfoot » semble plus vivant que jamais), blablas en tout genre et ancrage historique sans attrait.
Le romancier, prolixe et auteur d’une bonne quantité de romans, aura sans doute fait mieux.